Extraits du discours prononcé par Hervé Fleury retraçant la vie de sa mère, Jacqueline Fleury-Marié :
Ta résistance commence à 17 ans, comme toute résistance, par des actes anodins comme le transport d’informations pour Yvette Gouineau ton professeur au Lycée La Bruyère, ou bien par la distribution des calques des dessins humoristiques de ton frère Pierre.
Puis tu intègres, avec des amis du lycée, le réseau « Défense de la France ». Les risques sont sérieux car il faut aller chercher à Paris, dans un dépôt, les journaux clandestins antinazis, les rapporter dans ton cartable et les distribuer. ….Comment as-tu ce courage ? Le courage, chez toi, est encore une affaire de famille.
À l’été 1940, …toute la famille, dans une même révolte, se tourna vers la Résistance : père, mère, frère, amis. Votre appartement devint le centre de réunion du réseau Mithridate, et la cachette de jeunes recherchés par la Gestapo. La résistance chez les Marié, c’est l’espoir qui l’emporte, c’est le combat sans relâche, par l’engagement et la conviction pour l’amour de son pays. ..
… Agent de liaison, ton plus incroyable exploit fut d’avoir décalqué les plans du mur de l’Atlantique qui avaient été volés par ton frère dans la kommandantur du Château de La Maye, ce qui permit de le transmettre à Londres.
En juillet 1944, alors que déferlait sur la France l’avancée des Alliés pour sa libération, tous les trois vous êtes arrêtés dans l’appartement familial.
Ton père fut déporté à Buchenwald, toi et ta maman à Ravensbrück,…. L’amour pour la France a soutenu tes forces jusqu’au fond de l’enfer…
Tu as compris l’importance de témoigner de ce que vous aviez vécu, et inlassablement raconté ton histoire…. contribué à créer dans les années 1960 le Concours national de la Résistance et de la Déportation…. Tu as raconté ces années héroïques et terribles à tant d’enfants des écoles. Et pour que ton témoignage te survive, tu as publié deux livres, Une famille du refus et Résistante.
Pour terminer je veux reprendre les mots du Président de la République qui t’élevait à la dignité de Grand-croix dans l’Ordre de la Légion d’Honneur : « Ce combat fou qui est le vôtre et celui de toutes vos sœurs de captivité, de toutes ces femmes qui sont souvent restées dans l’ombre, fait que pas un jour ne passe sans que vous ne pensiez à elles toutes.
À cette professeure, Yvette Gouineau, qui vous a faite entrer en résistance.
À ces femmes parachutistes lâchées sur la France, aux postières, aux infirmières du Vercors.
À votre mère Marceline Marié-Parmentier, qui a racheté votre vie à Ravensbrück contre des morceaux de pain, et dont la présence vous a fait survivre par amour pour elle,
À Geneviève [de Gaulle-Anthonioz] et Germaine [Tillion], « sœurs » de Ravensbrück.,
À ces 60 000 compagnes mortes,
Aux 1500 marcheuses du convoi funèbre,
À cette déportée anonyme, qui, dans le wagon de bétail qui vous emmenait vers Ravensbrück, a entonné l’Ave Maria de Schubert. «
Ce matin, Maman, c’est à elles que tu voudras dédier cette école qui dorénavant porte ton nom.
→ Discours complet d’Hervé Fleury
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